Il existe différentes techniques de dorure comme la dorure à l’oeuf, à la gélatine, à la grecque, à la coquille, … mais les deux techniques principalement utilisées en dorure sont les suivantes:
la détrempe
la mixtion
La détrempe
La technique de la détrempe est la plus ancienne, remontant à l’Antiquité, et elle est celle qui donne le résultat le plus exceptionnel quant à la dorure. En effet, elle permet de réaliser de très jolis contrastes de reflets de lumière en réalisant des zones brillantes dites « brunies » et des zones « mates ».
Remarquons par ailleurs que cette technique ne s’utilise qu’avec des feuilles d’or ou d’argent, les autres feuilles métalliques étant trop épaisses.
Ce sont ces jeux de reflets qui mettent en valeur les moulures et ornements du mobilier (consoles, fauteuils, miroirs, porte-torchères, …), des cadres et baromètres anciens, des lambris en bois doré, … et qui permettent la lecture des détails qui font le charme des bois dorés anciens notamment.
En l’absence de ce jeu de contraste, la dorure serait de couleur uniforme, ce qui aplatirait les reliefs des ornements.
Elle est aussi : – la plus complexe – la technique la plus longue à réaliser
Cette technique s’effectue à l’eau et nécessite un grand nombre d’étapes avant la pose de la feuille métallique que nous vous présentons brièvement ci-dessous.
Etapes de la détrempe:
1. Dégraissage
Pour une bonne adhérence des apprêts au support, il faut dégraisser le support, c’est-à-dire éliminer toute trace de graisse, souillure, empreinte digitale, … Le dégraissage peut se faire au ponçage ou à l’aide de produits. La colle des apprêts pénètre mieux dans les pores du bois désormais dilatés et facilite ainsi leur adhérence au support.
2. Encollage
Il constitue la toute première couche des apprêts et est nécessaire pour faciliter la pénétration du collagène dans le bois et par conséquent son ancrage au support.
3. Moulage
Lorsqu’un ornement vient à manquer dans le cadre d’une restauration, le doreur constitue une pâte appelée “gros blanc” qui lui sert à réaliser le moulage de l’ornement manquant. Il peut être amené à partir d’un ornement existant dont il fera un surmoulage pour réaliser son moulage à base de gros blanc. Il peut également recréer l’ornement manquant par lui-même à base de ce gros blanc. Il reprendra ensuite les détails à l’aide des fers à reparer.
4. Apprêtage
Une dizaine de couches successives d’apprêts constitueront la zone tampon entre le bois et la feuille d’or. Ils sont appliqués à la “brosse à apprêts”, à une certaine température, couche par couche dès lors que la précédente est bien sèche, assez rapidement et selon une technique bien particulière pour “monter en épaisseur”, sans empâter le support et plus particulièrement les zones en relief. Cette étape est cruciale pour les étapes suivantes et assurer beauté et pérennité à l’oeuvre dorée.
5. Lissage et Adoucissage
Afin d’enlever toute trace de passage de la brosse à apprêts, le doreur termine par un lissage et un adoucissage des apprêts. Celui-ci s’effectue à l’aide de prêle ou de papier abrasif en vue de polir la surface. Le rendu doit être aussi doux que la peau d’un bébé car cette dernière couche recevra bientôt la feuille d’or qui épousera ainsi sa surface.
6. Reparure
Les apprêts ayant empâté les reliefs, la reparure redonne forme à la sculpture à l’aide de fers à reparer. Ces fers, emmanchés dans une pièce en bois, ont une lame dont l’extrémité présente des profils différents (carré, rond, pointu, …). A l’aide des ces fers, le doreur vient affiner les contours des ornements sculptés, redonner du galbe à la surface des ornements en créant des courbes et contre-courbes, et/ou graver des motifs décoratifs.
7. Jaunissage
Cette étape consiste à appliquer du “jaune” (à l’aide de pigments) dans les fonds des ornements. Elle permet une harmonisation visuelle dans les creux très profonds difficilement atteignables par la feuille d’or.
8. Assiettage
Cette opération qui consiste à “coucher de l’assiette” sur le support vient faciliter l’obtention d’un “bruni”, tel que dénommé dans le jargon de la dorure, c’est-à-dire un aspect “brillant” de la feuille métallique obtenu par écrasement de celle-ci à l’aide d’une pierre d’agate (ou “brunissoir”). L’assiette, obtenue à partir de bol d’Arménie et de colle de peau de lapin, s’applique chaude, en quelques couches, seulement sur les parties saillantes qui seront alors brunies. On dit que l’on “couche l’assiette”.
9. Chiennage
Il est réalisé à l’aide d’un pinceau à poils durs appelé “chien, que le doreur frotte sur la surface afin d’ôter toute aspérité et faciliter le brunissage. Sans cette opération, des petits grains restés en surface créeront des trous dans la feuille d’or et la rayeront lors du passage de l’agate.
10. Dorure à la feuille
La pose de feuilles d’or est l’étape la plus délicate car les feuilles sont si fines qu’elles ne peuvent être touchées. Elles sont d’abord soufflées de leur carnet pour venir reposer au fond du “coussin à dorer”. A l’aide du “couteau”, le doreur soulève les feuilles une par une, les place à l’avant du coussin où il les fait reposer bien à plat en soufflant dessus délicatement mais sûrement afin de les aplatir sur la peau du coussin. C’est ce qu’on appelle le “jonflage”. Il doit être effectué dans le calme, à l’abri du moindre souffle de la respiration et de tout courant d’air. Une fois tendue, la feuille d’or est découpée en morceaux en fonction de la surface à dorer. Ensuite, le doreur vient happer les morceaux les uns après les autres à l’aide d’un pinceau large et plat appelé “palette”. Il humidifie la zone à dorer avec de l’eau à l’aide d’un pinceau appelé “mouilleux” et, aussi vite, vient poser la feuille d’or d’un geste sûr et vif sur la surface à dorer, en évitant de la fendre. Cette étape demande une certaine dextérité et nécessite plusieurs années de pratique avant d’être parfaite.
11. Brunissage et Matage
Le brunissage est l’opération qui consiste à venir écraser la feuille d’or posée sur les parties assiettées pour les rendre brillantes. La pression exercée par la pierre d’agate sur la feuille métallique crée ainsi les “brunis”. A l’inverse, le matage, en plus de protéger la dorure, vient matifier certaines zones. C’est ce contraste entre mats et brunis qui sublime les reliefs des ornements et met en valeur le travail du doreur.
12. Ramendage
Dans les endroits où la feuille métallique s’est fissurée, le doreur comble les lacunes en rajoutant de petits morceaux de feuille. C’est le ramendage. Ces petits morceaux rajoutés seront à leur tour “brunis” ou “matés” selon le besoin.
13. Finitions
Selon la finalité de la pièce dorée, le doreur pourra être amené à la vieillir, la patiner, harmoniser la nouvelle dorure avec la couleur et l’éclat de la dorure d’origine , voire à protéger la feuille métallique de l’oxydation, la cirer, …
La mixtion
A la différence de la détrempe, cette technique s’emploie avec un produit collant que l’on appelle mixtion. C’est elle qui va faire adhérer la feuille métallique à son support.
Il en existe différents types: mixtion à l’eau, à l’huile, à l’alcool, ayant des temps de pose différents (3h, 12h, …).
Cette technique de dorure semble plus rapide et plus simple à réaliser que la détrempe et pourrait séduire de nombreux amateurs de dorure. Toutefois, la difficulté principale de cette technique est de savoir exactement à quel moment la mixtion est prête à recevoir la feuille d’or, de la quantifier et de l’étaler correctement.
En cas de surdosage, la mixtion viendra tacher la feuille d’or ou l’empêcher de se tendre correctement.
A l’inverse, en quantité insuffisante, la feuille d’or n’adhèrera pas correctement au support.
Enfin, un temps de séchage non respecté fera également défaut à la dorure.
Le choix de la mixtion (nature et temps de séchage) s’effectue au regard de la nature, de la fragilité des oeuvres à dorer.
Cette technique donne également de très beaux résultats, lorsqu’elle est appliquée dans les règles de l’art mais elle ne pourra jamais égaler l’éclat d’un « bruni » obtenu grâce à la technique de la détrempe.
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