Atelier Anne Masse Dorure

Dans les coulisses de la restauration : quand restaurer commence par « dé-restaurer »…

Très souvent, une des premières étapes de la restauration d’œuvres en bois doré ancien consiste à retirer pour mieux révéler.

On pourrait parler ainsi de « dé-restauration ».

Pourquoi dé-restaurer avant de restaurer ?

Avant de pouvoir envisager une restauration fidèle et respectueuse, il est essentiel d’enlever toute trace d’intervention ancienne qui affecte l’état originel de l’oeuvre. On retrouve régulièrement :

  • de la bronzine
  • de la peinture dorée
  • des surpeints
  • des mastics
  • des résines
  • … et bien d’autres surprises

Ces ajouts, parfois réalisés dans de bonnes intentions, masquent, déforment ou altèrent l’œuvre originale.


Deux grandes approches techniques

1. L’option chimique : les solvants

Lorsqu’un solvant approprié est trouvé, certaines couches peuvent se dissoudre et s’ôter relativement facilement.

Mais ce que l’on ne voit pas — et qui se joue en coulisses —, c’est tout le travail préparatoire :

  • Analyse de l’état de conservation de l’œuvre
  • Identification des matériaux présents (anciens et récents)
  • Tests multiples pour déterminer le solvant exact, capable d’enlever les surcouches sans attaquer la feuille d’or originale

Parfois, plusieurs couches ont été superposées au fil des décennies.
Elles sont de natures différentes et nécessitent plusieurs solvants ciblés, utilisés successivement.


2. L’option mécanique : bistouri, papier émeri

Quand la matière s’écaille, le bistouri devient l’outil privilégié.

Ce geste peut sembler satisfaisant à voir (et il l’est !), mais il est extrêmement minutieux : on travaille millimètre par millimètre, avec pour objectif de ne pas rayer la dorure sous-jacente.

Il faut aussi composer avec les surprises :

  • Parfois la couche adhère à peine…
  • Parfois, elle fait littéralement corps avec la surface dorée
  • Elle peut être extrêmement fine, ou très épaisse, jusqu’à combler des lacunes dans la structure de l’œuvre

Et quand rien ne fonctionne ?

Lorsque ni les solvants ni le bistouri ne suffisent, une solution s’impose :
poncer la surface au papier émeri, en faisant table rase, pour repartir sur une base saine.

Mais attention : ce n’est jamais un geste fait à la légère. Il est toujours suivi d’un travail de reconstruction fidèle, dans le respect :

  • Du style de l’œuvre
  • De son époque
  • Et surtout, des techniques traditionnelles de dorure

Conclusion : enlever, pour révéler

La restauration du bois doré, loin d’être un simple embellissement, est un travail de dévoilement.
Enlever sans abîmer. Corriger sans trahir. Restaurer sans réinventer.

C’est dans cette démarche exigeante que l’œuvre retrouve sa présence, son éclat… et son histoire.

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